Au sujet de l’atelier “Contrepoids” et de ses ordres…

Salut à Tous,

Depuis 2 ans nous travaillons SSF06/SSF13 en étroite collaboration sur tous les exercices et barnum que nous organisons; ce qui fait en tout une dizaine d’opérations de secours factices en commun. Notre projet est d’utiliser tous le même discours, les mêmes techniques et surtout les mêmes ordres tels qu’ils sont enseignés lors des stages nationaux et ecris sur le manuel. Ca marche tres bien et nous commençons a avoir une réelle complicité sous terre ce qui ce traduit par une grande efficacité.

Etait présent au stage E/CE du Vaucluse : Loic Guillon, Moniteur EFS,
Etaient présent au barnum à Autran :  5 équipier/CE  du SSF06  + 4 E/CE du SSF13.
Tous mes collègues du 06 et du 13 ont été étonnés de se voir dire par les stagiaires E/CE (et par qques cadres durant stage..) que certains ordres durant la manip “contrepoids” étaient obsolètes, du genre “civière en butée”. Les ordres qu’ils annonçaient faisaient perdre du tps!!!

Ils ont eu les boules et j’ai bien eu les boules… Responsable des formations SSF06 depuis 5 ans, ayant suivi 2 stages nationaux E/CE en 6 années, professionnel de la spéléo, impliqué perpétuellement dans une recherche d’efficacité et de sécurité de mes gars lors des opérations, j’ai assez mal vécu ce retour. Surtout le doute qui s’est installé dans leur  tête de et peut être aussi le manque de confiance envers mes formations qu’ils pourraient dorénavant avoir .

Aussi, je me suis penché sérieusement sur les ordres à dire sur l’atelier contrepoids. Voici le tableau de synthèse que je vous soumets pour relecture et modifications avant de l’integrer dans mon livret du sauveteur et le présenter au plus grand nombre si vous trouvez ce tableau pertinent.

J’ai besoin d’avoir  l’appui des CTN pour pouvoir continuer à travailler sereinement et surtout retirer tous les doutes qui auraient pu s’installer dans nos petites têtes de spéleos durant ce barnum.

Merci par avance de votre aide!
Bien cordialement

Protocole et chronologie de la manoeuvre du « Contrepoids » – Le Pourquoi du Comment
Pascal Zaoui et le SSF06, d’après le Manuel du Sauveteur, nouvelle édition

ORDRES ANNONCES

CE QUE CA
VEUT DIRE…

CE QUE
CA IMPLIQUE..

POURQUOI ?

« CIVIERE ACCROCHEE ! »

EN BAS

EN HAUT, LE REGULATEUR

 “TRACTION ! “

(Annoncé fort et clair par l’équipe du bas)

1) La civière est encore posée au  sol.

1) Déverrouillage du système

…Déverrouiller au dernier moment ? 
On est certain qu’aucun spéléo ne s’est mis en danger en utilisant les cordes de l’atelier, lors de leur progression

2) L’équipier du bas est :

– attentif à la levée imminente de la civière.

– prêt à accompagner la victime s’il le faut.

2) Le contrepoids commence « à pomper » pour rappeler le mou, MAIS reste longé

…Rester longé ? Si la civière venait à être male attachée à la corde, chute

« CIVIERE DECOLLEE ! » 

(Annoncé fort et clair par l’équipe du bas)

EN BAS 

EN HAUT, LE REGULATEUR 

 

1) La civière ne touche plus le sol.

2) Elle pend. Elle est donc bien accrochée. 

3) Travail terminé, verrouiller atelier si c’était une reprise, vite doubler la victime!

Le contrepoids peut se délonger et se laisse descendre en restant sur ses bloqueurs. L’atelier est sous le contrôle  du régulateur.

 …Se délonger ? Le risque que «l’équipier contrepoids » chute à cause d’1 civière male accrochée disparaît. Ensemble  civière/contrepoids  sécurisé

« CIVIERE EN BUTEE ! »

(Annoncé fort et clair par le Régulateur)

EN HAUT, LE REGULATEUR

A LA REPRISE

1) La civière touche la poulie du système.

2) La montée s’est bien déroulée.

3) La corde de reprise va être accrochée.

4) L’ordre de conversion va arriver au CP

1) Déverrouillage du système (si contrpds)

2)Les équipiers de reprise et le contrepoids sont attentifs aux ordres qui vont être annoncés par le régulateur, sans les anticiper.

…Attacher la reprise en 1er ?

Pour sécuriser la civière le + vite. 

…Ne pas demander la conversion dans le même temps ? 

En cas de d’erreur technique (chute du contrpds, mauvaise reprise), le facteur choc sur civière serait grand

« TRACTION ! »

(Annoncé fort et clair par le Régulateur)

EN HAUT, LE REGULATEUR

A LA REPRISE

1) Mou de reprise rappelé sur la civiere

2) La civière repart sur l’atelier suivant.

1) Etre aux ordres

2) Réaliser une reprise douce et régulière.

…Le contrepoids ne touche pas le sol?

Il doit tjrs être en poids opposé à la civière jusqu’à l’ordre « Largue tout » 

« CONVERSION !»

(Annoncé fort et clair par le Régulateur) 

LE CONTREPOIDS

A LA REPRISE

« DU MOU ! »

(Annoncé fort et clair par le Régulateur) 

1) La civière est complètement prise en charge par la reprise

2) Le contrpoids réalise sa conversion et annonce « CONVERSION EFFECTUEE»

– Il  donne le mou suffisant, aux ordres et au tempo du régulateur.

– Etre aux ordres

– Réaliser une reprise douce et régulière, orchestré par le régulateur.

 

…Le contrepoids attend l’ordre du régulateur avant de donner du mou ? Le travail du régulateur est très fin ! S’il donne du mou trop tôt (via son contrpds qui ne voit pas ce qui se passe), il risquerait de faire redescendre la civière si la traction de la reprise était trop lente.

« LARGUE TOUT ! »

(Annoncé fort et clair par le Régulateur) 

– Il descend au sol et enlève la corde de son descendeur

– Retirer la corde de traction de la civière, libérée par le contrepoids.

TOUJOURS RE-VERROUILLER SON ATELIER EN LE QUITTANT !!
Pascal Zaoui – Ecole Départementale de Spéléologie des Alpes Maritimes – CDS06

Réponse de la CVT 

Salut Pascal,

Tu tapes dans le mille par tes interrogations vis-à-vis d’un point qui prête régulièrement à controverse ! Comme tu as pu le remarquer, lorsque l’on commence à interpréter les manœuvres au niveau d’un département, c’est un acte qui contribue inévitablement (quoiqu’il parte d’un bon sentiment) à accroitre l’incompréhension lors d’échanges futurs : que ce soit au travers de manips interdépartementales, entre des personnes de nationalité ou de pratique différentes, ou encore lors de la participation de gars « formatés »  en local à un stage national, comme dans le cas que tu décris.

Donc on va tenter d’éclaircir un peu les choses, mais avant tout, on ne peut pas te laisser écrire des affirmations contradictoires:

En effet, tu dis dans ton mail : Notre projet est d’utiliser tous le même discours, les mêmes techniques et surtout les mêmes ordres tels qu’ils sont enseignés lors des stages nationaux et écris sur le manuel.

Mais, tu écris en tête de ton tableau : Pascal Zaoui et le SSF06, d’après le Manuel du Sauveteur, nouvelle édition

On est bien là sur deux discours différents :

– d’un côté celui du Manuel, plus précisément ceci (page 59) :

LA TRACTION

Communication entre personnels dans les manœuvres techniques

Afin d’être bien compris de tous, les ordres émis dans les puits en vue d’activer ou de stopper des manœuvres techniques devront être uniformisés et limités à leur minimum :

–          TRACTION

–          STOP

–          DU MOU

Ces trois ordres sont en général suffisants dans la majorité des situations techniques rencontrées. Au besoin, afin d’être plus explicite pour un cas spécifique, il conviendra d’être concis et clair dans ses propos pour être compris de tous malgré le brouhaha et l’écho.

– de l’autre votre propre discours, a toi et au SSF06, certes partiellement repris du manuel, mais qui n’engage que vous tant que ces propositions n’ont pas été validées par le national.

Tu comprends bien que si l’on veut de la cohérence, il faut qu’il n’y ait qu’un discours de référence ! Celui du national bien évidemment, et tu en es d’accord puisque tu le précises toi-même, après avoir soulevé la problématique des gars de ton département envoyés en stage.

Attention tout cela ne veut pas dire que la discussion n’est pas ouverte au SSF ! Elle l’est bien sûr, car nous avons le souci constant d’améliorer nos procédures. Les propositions de chacun (et en particulier la tienne) sont bienvenues. Elles sont soigneusement étudiées, évaluées, débattues  tant, il est important d’accepter de faire évoluer un discours, des techniques, des stratégies… Mais ces contributions doivent forcément être validés par la direction nationale AVANT toute mise en application sur le terrain, de sorte à maintenir cette cohérence de fonctionnement que nous souhaitons tous.

Maintenant, argumentons sur ce qui est écrit dans le manuel.

Le grand principe est avant tout de réduire au minimum le nombre d’échanges verbaux entre les personnels dans les manipulations techniques en ne gardant que ce que l’on va appeler : « des ordres ».

Ensuite il faut limiter strictement ces « ordres » à ceux qui commandent les mouvements de la civière (Traction / Stop / Du mou) et non les manœuvres techniques nécessaires à la mise en action de la civière (des situations qui selon les cas et les configurations peuvent alors requérir une infinité d’échanges verbaux tout à fait impossibles a normaliser),

Si le nombre « d’ordres » précisé est volontairement très limité, c’est évidemment pour être certain qu’ils soient entendus de tous, compris par tous et appliqués par tous (du poseur de ligne téléphone qui va ponctuellement donner la main a un mouvement de civière, jusqu’à l’étranger qui se retrouve impliqué dans une opération de secours, ou encore à deux coéquipiers qui œuvrent ensemble pour la première fois…).

Ca, c’est donc la base qui doit être appliquée en opération au travers de ce qui est écrit dans le manuel.

Cependant, il y a un cas de figure ou ça diffère un peu : c’est celui des stages. On s’explique.

On demande aux stagiaires d’appliquer exactement ce qu’il y a dans le manuel en matière « d’ordres » mais on ajoute quelques compléments que l’on devrait pour bien faire, appeler des «consignes» relatives à la sécurité des stagiaires dans les manœuvres. Ils présentent évidemment des niveaux et des pratiques différentes. Nous les cadres, ne les connaissons pas forcement et n’avons pas toujours la possibilité d’être présents en haut et en bas d’un puits dans un même temps. Ces « consignes » visent alors à accélérer l’acquisition des bons réflexes chez les stagiaires et bien entendu à accroître leur propre sécurité dans ce contexte de stage où les données à assimiler sont nombreuses, ce qui conduit parfois certains d’eux à s’emmêler rapidement les pédales.

–          Civière en charge (afin que le gars ne se délonge pas en tête de balancier ou contrepoids avant que la civière soit réellement en charge)

–          Traction larguée (afin que la corde puisse être immédiatement verrouillée après usage de sorte à la rendre utilisable pour la remonté d’équipiers par exemple, si l’on est dans le cadre de balanciers, de contrepoids ou encore de freins de charge).

Sans rentrer dans le détail de la liste que tu as réalisée, un point nous paraît essentiel, c’est que si l’on voulait te suivre dans cette voie et généraliser ton approche il manquerait en fait toujours des éléments à ton tableau. Tu pourrais indéfiniment en rajouter : traction larguée, bloqueur verrouillé pour un palan ou un poulie-bloqueur, frein de charge verrouillé, largage de contrepoids en place, déverrouillage de tyro en place, tyro larguée, corde de retenue bloquée, poulie largable déverrouillée…

Compare simplement quelques unes des consignes énumérées ci-dessus à celles que tu as incluses dans ton tableau, comme par exemple : « Civière en butée »… Tu te rends bien compte qu’elles sont tout aussi importantes !

On en reste donc clairement à ce qui est stipulé dans le manuel en terme « d’ordres » intangibles et communs à tous.

Pour toutes les autres directives qui peuvent s’avérer utiles, par exemple dans des phases pédagogiques d’enseignement (qui peuvent autant s’entrevoir au niveau de stages ou d’actions départementales de formation), parlons dorénavant de « consignes » et laissons une latitude dans l’utilisation de ces consignes qu’il serait vain de vouloir geler dans une liste fermée.