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La très grande tyrolienne de Vercors 2008 – 1109 m. de portée.
Une réalisation du SSF

Les tyroliennes sont un sujet de recherche permanent au sein du SSF, tant elles s’avèrent utiles en secours souterrain. Depuis 1995, le SSF à réalisé de nombreux tests sur cette technique dont la maîtrise a peu à peu permis le passage de l’emploi autrefois systématique de deux cordes (porteuse + assurance) à celui d’une seule corde porteuse unique : C’est une révolution en matière de poids et de volume de matériel à mettre en œuvre pour ce type de réalisation. Aujourd’hui, les recherches se poursuivent toujours sur ce domaine mais sur des concepts de tyroliennes de très longue portée (pour plus d’information sur ce sujet ).

Installation

Aux deux extrémités, les ancrages et l’amarrage, qu’ils soient en hauteur ou en pied de tyrolienne, se conçoivent de la même manière que pour tous les autres dispositifs installés lors d’un secours (palan, contrepoids, balancier, poulie largable…) : ils doivent comporter 3 points d’ancrages distincts à chacune des extrémités, complétés par un répartiteur de charge et un connecteur central servant de point d’accroche.

 Illustration issue du Manuel du sauveteur

Notions sur les efforts

Si les efforts peuvent être importants lors de la mise en tension d’une tyrolienne (proches de 500 DaN), la tension résiduelle après verrouillage va dépendre de la méthode employée pour la mise en tension. Cette tension d’utilisation atteindra au plus 220 daN avec un descendeur autobloquant et 145 daN avec un nœud italien complété d’un nœud de mule, même pour une très courte longueur (3 m).
Après la mise en tension, lorsque la tyrolienne est mise en charge, les amarrages et la corde ne subissent qu’une surtension de 120 % maximum de la valeur de la charge appliquée. Ainsi un spéléo de 80 kg, se déplaçant même brutalement sur une tyrolienne très courte et très bien tendue par un descendeur autobloquant, ne génèrera qu’une tension totale d’un peu plus de 300 daN d’effort sur la corde et ses points d’amarrage. C’est une valeur bien inférieure à ce que peut  supporter une corde de 10 mm en bon état. Du point de vue des efforts générés, elle est comparable à une descente brutale au descendeur sur corde au voisinage de l’amarrage.

Dynamisation des tyroliennes, systèmes de verrouillage

Les moyens usuels disponibles en secours pour assurer le verrouillage d’une tyrolienne après tension sont variés (descendeur autobloquant, descendeur classique et nœuds italiens). Chacun de ces dispositifs peut aussi se verrouiller facilement avec une clé d’arrêt conventionnelle ou un nœud de mule. Ils restent débrayables y compris sous de fortes tensions, ce qui est fréquemment nécessaire en secours.

Par ailleurs, lors d’une surtension éventuelle en cours de manœuvre, tous ces systèmes libèrent automatiquement du mou de la corde dans le système de verrouillage. C’est donc un gage de sécurité.

Attention : une tyrolienne ne doit jamais se bloquer par des systèmes de verrouillages hyperstatiques tel que des bloqueurs, des Mini traxion ou des Pro traxion. L’utilisation de tels équipements génèrerait inévitablement des efforts de contrainte démesurés en ne restituant aucun dynamisme au montage réalisé (en rapport aux tensions énoncées dans cet écrit), une situation qui provoquerait un endommagement dangereux, voir une rupture de la corde.

Mise en tension de la tyrolienne

Avant toute chose, il convient de définir l’extrémité où la mise en tension va se réaliser. On aura toujours intérêt à privilégier le point bas pour une tyrolienne oblique de longue portée (car le bénéfice du poids de la corde se trouve alors favorablement disposé). Pour une tyrolienne horizontale, ce point de mise en tension est indifférent.

Idéalement, les deux extrémités de la tyrolienne doivent être débrayables et dotées d’une longueur de mou suffisante afin de pouvoir à tout moment la détendre  si nécessaire. Le moment venu, le choix de l’extrémité à détendre dépendra de l’emplacement  de la civière et des sauveteurs. La réalisation d’un nœud italien verrouillé par un nœud de mule à l’extrémité opposée à celle de la mise en tension convient parfaitement à cet objectif.

Pour la mise en tension, les outils pour tendre la corde sont divers et leur choix dépend de la tension désirée et du matériel disponible.

La méthode pour tendre est analogue, que l’on utilise un descendeur autobloquant ou un nœud italien (elle diffère seulement pour l’utilisation d’un descendeur classique) : on installe un descendeur autobloquant ou un nœud italien sur le connecteur du répartiteur de charge. Ce système sert aussi bien à la récupération du mou de la corde au cours de la mise en tension qu’au verrouillage de la corde une fois celle-ci sous tension.

tyrolienne-dessin2

 Un demi palan mobile vient alors compléter le système afin de permettre une démultiplication lors de la mise en tension. Au besoin et comme dans le cas d’un palan, la corde de traction peut être déviée afin de s’adapter à la configuration du terrain.

Dès la tension optimale atteinte, il convient d’être vigilant afin d’éviter d’en perdre le moins possible lors de la phase de verrouillage. Pour cela, maintenir relevée la poignée du descendeur autobloquant puis le coiffer d’une ganse pour réaliser une clé complète (on peut aussi, afin de diminuer encore ce risque de perte, combiner la réalisation de cette clé par un passage de la corde sous la poignée même du descendeur).

Dans le cas de l’emploi d’un nœud italien, le maintien de la tension lors du verrouillage est moins efficace : le nœud se retourne systématiquement ou presque et la tension finale obtenue est nettement moindre.

Attention : la tension finale ne restera correcte après un premier passage sur la tyrolienne que si l’on a bien pris soin de pré-tendre tous les nouages (répartiteurs, nœuds de mule) avant la  mise en tension et le verrouillage.